4 novembre 2024
Cet été, Victoria Ikede du bureau d’A49 à Toronto a été invitée à participer au projet « Taking Stock: Voices of Women in Architecture in Canada » qui vise à faire le point sur la situation des femmes en architecture au Canada. La demande s’inscrivait dans le cadre d’un projet de recherche mené par Jennifer Esposito et Saskia Scarce de l’Université métropolitaine de Toronto (UMT), qui s’appuyait sur la transmission des récits pour faire entendre la voix de la prochaine génération de conceptrices. Cinq thèmes clés en lien avec les femmes en architecture au Canada étaient examinés, d’hier à aujourd’hui.
Victoria s’est exprimée dans le cadre du deuxième thème de la recherche portant sur les voix sous-représentées. L’intention du projet était de discuter de la disparité entre le nombre de femmes qui fréquentent les écoles d’architecture reconnues et le nombre de femmes titulaires d’un permis de pratique professionnelle. Les chercheurs étaient particulièrement préoccupés par le fait que seulement 0,3 % des femmes architectes qui s’identifient comme Noires détiennent un permis dans l’ensemble de l’Amérique du Nord. Victoria a également participé à une entrevue dans le cadre de l’exposition « Buone Nuove/Good News – Women in Architecture » de l’UMT qui s’est déroulée du 5 septembre au 10 octobre 2024, dans la catégorie « Beyond Gender: Sharing Voices of Black Women in Architecture + Design » qui aborde la situation des femmes noires en architecture et conception.
L’exposition itinérante d’architecture reconnue à l’échelle internationale a été présentée pour la première fois au musée MAXXI de Rome en 2022. Après un passage à Stockholm, à Doha, à New Delhi et à Berlin, l’exposition a fait son inauguration nord-américaine à la galerie Paul H. Cocker de l’UMT, au département des sciences de l’architecture. Prochaine destination, Montréal. Dirigée par Pippo Ciorra, Elena Motisi et Elena Tinacci, l’exposition se consacre aux œuvres et à la parole de douzaines de femmes architectes, au pays et ailleurs, qui ont fait évoluer le domaine de l’architecture et influencent une nouvelle génération inclusive de bâtisseurs urbains. L’exposition offre une nouvelle perspective plus complète de l’architecture en démontrant comment les femmes et les collectifs dirigés par des femmes ont élevé la qualité et l’expérience de la conception architecturale moderne et contemporaine.
Malgré les nombreux sujets intéressants qui ont été abordés dans le cadre de l’expérience, nous avons discuté avec Victoria de sa participation à l’exposition, et de ce qu’elle en a retiré :
« Avant l’exposition, je n’avais rencontré aucune autre femme architecte professionnelle noire exerçant en pratique privée et détenant un portefeuille impressionnant au Canada, mis à part Camille Mitchell (fondatrice de BAIDA, l’association canadienne des architectes et concepteurs d’intérieur noirs). Du point de vue de la sécurité psychologique, l’exposition a su illustrer de manière remarquable la vaste communauté derrière les femmes noires en architecture. »
L’exposition reposait sur les récits, les pratiques, les narrations et les visions des femmes de partout dans le monde. Selon Victoria, une simple observation permettait de déceler les nuances subtiles et la sensibilité conceptuelle distinctive des œuvres réalisées par ses collègues noires. Leurs projets mettaient de l’avant des couleurs, des motifs et une vivacité qui contrastent souvent avec la sobriété des normes occidentales. Ces présentations ont donné lieu à des conversations inspirantes à propos de notre perception des bâtiments et des espaces conçus par des architectes issus de groupes sous-représentés.
Plus important encore, il était inspirant de voir des femmes noires diriger leur propre pratique ou détenir des postes au sein d’organismes de réglementation en architecture. « Le simple fait que ce soit possible, particulièrement à titre d’immigrante, m’a beaucoup inspirée », précise-t-elle.
À l’avenir, Victoria abordera sa profession en tenant compte de l’importance de la contribution des autres femmes dans le domaine. « Ce n’est pas parce qu’elles sont moins visibles qu’elles ne sont pas présentes. »
L’exposition lui a permis de constater qu’il existe plusieurs chemins vers la réussite, et que les limites du potentiel humain ne sont pas tracées, quels que soient les origines ou le genre.
La visibilité d’une telle exposition met en lumière l’importance d’interagir et de créer des liens avec les pairs, tant pour les nouveaux venus sur le marché du travail que pour les vétérans de l’industrie, de même que l’importance de faire entendre et de partager les voix sous-représentées à l’échelle de la profession. Pour les femmes et plus particulièrement les femmes de couleur, nous espérons voir plus d’occasions comme Buone Nuove (Good News) de se réunir, d’enseigner et de célébrer ce que signifie être une femme en architecture.